Weed, bad trip, psychose et schizophrénie
Vous souhaitez en parler à quelqu'un ? Venez sur la TRIBU (anonyme et gratuit) |
Le « bad trip »
Un"Bad trip" signifie "faire un mauvais voyage". Ce terme était surtout utilisé au sujet des substances hallucinogènes dont le LSD, parce qu’elles peuvent provoquer des hallucinations désagréables, voir menaçantes, ou des délires.
Le cannabis, surtout lorsqu’il est très concentré en THC ou que le contexte est défavorable (par exemple, lorsque le consommateur est en état de mal-être psychique), peut contribuer à provoquer ce qu’on appelle le bad trip ou une psychose toxique.
Concrètement, sous cannabis, le "bad trip" est un état anxieux et psychotique où il y a une perte totale de contact avec la réalité. Il est provoqué par une intoxication à la substance. Il s'accompagne de symptômes psychotiques typiques qui sont le délire et/ou les hallucinations. En général, un état psychotique est très angoissant!
Parfois, cet état transitoire est purement anxiogène (inquiétudes, anxiété) et ne comporte pas de symptômes psychotiques. Cette anxiété peut, dans certains cas aller jusqu’à l’attaque de panique (montée d’angoisse rapide et intense accompagnée de symptômes tels que des tremblements ou une accélération du rythme cardiaque).
Que faire, en cas de « bad trip » ?
Lorsqu’une personne est dans cet état, le mieux est de l’entourer calmement et de la réconforter jusqu’à dissipation des effets. Si c’est insuffisant, que la personne ou son entourage sont particulièrement inquiets, que la personne est isolée ou que son comportement est perturbé, il faut faire appel à un médecin ou un service médical, éventuellement les urgences de l’hôpital.
Dans le cas, relativement rare, où l’état de souffrance psychique se prolonge malgré l’arrêt de la consommation (après un ou plusieurs jours), il est fortement conseillé d’aller consulter votre médecin ou un service médical proche.
Psychose et cannabis : y a t-il un lien ? |
La psychose toxique
Selon le DSMIV (manuel de psychiatrie), on parle de psychose toxique lorsque le trouble psychotique est induit par une substance. En premier lieu, il doit y avoir présence d’hallucinations ou d’idées délirantes. Ensuite, il doit être mis en évidence que les symptômes sont survenus pendant une intoxication ou un sevrage à une substance ou dans le mois qui a suivi. Ils doivent avoir disparu, un mois au plus tard après l’intoxication.
Notons que pour le cannabis, il n’existe pas de données au sujet de symptômes psychotiques pendant un sevrage.
L'attaque de panique
Selon le DSMIV, il s’agit d’une période bien délimitée de crainte ou de malaise intense, au cours de laquelle au minimum quatre des symptômes suivants sont survenus de façon brutale et ont atteint l’intensité la plus forte en moins de 10 minutes :
- palpitations, battements de cœur ou accélération du rythme cardiaque,
- transpiration,
- tremblements ou secousses musculaires,
- sensation de « souffle coupé » ou impression d’étouffement,
- sensation d’étranglement,
- douleur ou gêne thoracique,
- nausée ou gêne abdominale,
- sensation de vertige, d’instabilité, de tête vide ou impression d’évanouissement,
- déréalisation (impression que le monde est irréel) ou dépersonnalisation (être détaché de soi et se voir d’en-dessus par exemple),
- peur de perdre le contrôle de soi ou de devenir fou,
- peur de mourir,
- paresthésies (sensations d’engourdissement ou de picotements),
- frissons ou bouffées de chaleur.
La Schizophrénie
L'épidémiologie montre que les fumeurs de cannabis à l'adolescence sont plus à risque de développer une schizophrénie à court terme, par rapport aux non-fumeurs. C'est ce qui a amené plus récemment les scientifiques à dire que le cannabis pourrait enclencher une schizophrénie chez des personnes qui ne l'auraient pas eue.
Cependant, on sait aussi que l'usage du cannabis est plus fréquent chez les personnes schizophrènes ! Les chiffres varient, mais même avec une fourchette large de 20 à 40% d'usagers en cas de schizophrénie, on est au-dessus des 11% d'usagers dans la population adulte.
La question est donc de savoir si la schizophrénie et l'usage du cannabis partagent une vulnérabilité commune, en particulier génétique, qui favorise leur cooccurrence. Les études sont en cours.
En attendant une réponse scientifique, nous pensons que c'est le principe de précaution qui prévôt, et cela surtout dans les familles à risque. Un jeune ne devrait pas prendre le risque d'accélérer la survenue d'une schizophrénie en fumant du cannabis.
On sait aussi que le cannabis favorise les symptômes psychotiques délirants. Les personnes schizophrènes qui consomment du cannabis sont plus à risque de manifester ces troubles, qui sont plus précoces et plus résistants au traitement médicamenteux. Le tétrahydrocannabinol (THC), une des molécules psychoactives du cannabis, est identifié comme favorisant ces troubles délirants. Et l'usage de cannabis très chargé dans cette substance, comme par exemple la skunk, est un grand pourvoyeur de ces symptômes délirants quand on a une schizophrénie. Et ce, d'autant plus s'il est faiblement pourvu en cannabidiol (CBD), qui aurait un effet protecteur.
(La Skunk est une variété de cannabis avec un fort taux de tétrahydrocannabinol (THC) développée durant les années septantes aux États-Unis)
Références
-
AMERICAN PSYCHIATRIC ASSOCIATION. MINI DSM-IV-TR. Critères diagnostiques (Washington DC, 2000). Traduction française par J.-D. Guelfi et al., Masson, Paris, 2004.